Mémoires

Rassemblé.e.s en 2017 par la création Moutoufs, nous sommes 5 artistes qui partageons le fait d’être né·es d’un père marocain et d’une mère belge et qui nous fédérons au sein du Kholektif Zouf.
Depuis, nos chemins continuent de se nourrir, les un·es intervenant sur les créations des autres. Comme un fil tiré de Moutoufs, Jasmina Douieb raconte le deuil de sa mère dans Post Mortem, notamment sous le regard bienveillant des Zoufs, et Othmane Moumen enquête sur son père dans Parti en fumée, dans une mise en scène de Jasmina Douieb.

Et, 10 ans après Moutoufs, la création de Mémoires continue de tirer ces fils d’héritages.

Mémoires, c’est un pluriel: nous 5 qui racontons une histoire qui n’est pas tout à fait la nôtre, celle de nos pères et de leur exil.
Mémoires, c’est l’exploration de ce qu’il restera de nous, un retour sur le passé et sur les récits troués, à la croisée des peuples. Mais comment ça s’écrit, une mémoire trouée? Comment on fait pour se définir dans le métissage des origines, le transfuge de classe et de pays, dans les dénis, oublis et fabulations identitaires?

En filigrane, se tisse notre rapport à nos mémoires. Nos mémoires intimes, et nos angoisses d’oublier. Nos mémoires d’acteurices, à nous, les dinosaures de la mémoire.

A l’instar de ce bibliothécaire à Birkenau qui récitait des livres aux détenus, à l’instar de cette foule récitant par coeur un sonnet de Shakespeare dans la traduction de Pasternak, en résistance face à l’oppression et à la censure soviétique, ou encore à l’instar de Tiago Rodriguez aidant sa grand-mère à mémoriser un livre avant de perdre la vue, à notre tour, nous mémoriserons pour ne pas oublier les dangers de l’oubli. Pour qu’on ne nous oublie pas…